lundi 28 mars 2011

SPE5: Panne du décodeur mécanique

Le télétype SAGEM SPE5A pour lequel j'ai réalisé dernièrement une alimentation -48V s'est avéré ne pas fonctionner correctement. J'ai donc décidé de jeter un oeil ce soir pour identifier l'origine du problème et voir s'il m'était possible d'y remédier rapidement.

Les symptômes sont les suivants:
1- la sélection Chiffre/Lettre n'est pas fonctionnelle: la corbeille ne se déplace pas,
2- le caractère imprimé ne correspond pas à la touche frappée.

Ces problèmes peuvent avoir pour deux origines: un défaut dans le système de décodage électronique (bascule non fonctionnelle) ou dans le système de traduction mécanique (électro-aimant coupé). La levée de doute est rapide, il suffit d'observer le changement de position des barres de sélection lors de la frappe de deux caractères dont le code est inverse l'un de l'autre, typiquement les caractères 'R' et 'Y'. Dans le cas présent, la barre N°2 reste immobile. La lettre 'Y' est correctement retranscrite, la lettre 'R' ne l'est pas. Ce défaut explique aussi le problème de la sélection Chiffre/Lettre.
Il peut être intéressant d'expliquer ici le mécanisme utilisé par cette machine pour transcrire un code constitué de 5 moments (5 bits en langage moderne) reçus en série et imprimer celui-ci.


Sur le plan mécanique, la tarduction est effectuée par le biais de cinq barres parallèles pouvant prendre deux positions. Un ressort placé sous chaque barre tend à ramener celle-ci sur la gauche en position de repos. En début de cycle, un système mécanique arme l'ensemble des barres en les déplaçant d'un cran sur la droite pour faire verrouiller chacune d'elle en position active par le biais d'un crochet. Chacun des 5 crochets est  commandé par un électroaimant dont l'activation libère la barre associée qui retrouve alors sa position de repos.
Chaque barre est divisée en 32 sections pouvant comporter une encoche ou un plein. Le lecteur attentif l'aura compris, chaque barre encode par sa position finale l'un des cinq moments du code Baudot, et une seule des 32 (2^5) sections verra les cinq barres présenter simultanément une encoche dans le même alignement. Cet alignement permet de sélectionner l'un des 26 leviers de frappe du symbole représenté par ce code, les autres positions étant utilisées pour manœuvrer des fonctions annexes, dont le déplacement de la corbeille Chiffre/Lettre.

Sur le plan électronique, chaque moment (bit) est échantillonné sur la ligne puis stocké dans une bascule électronique, laquelle commande l'électro-aimant associé à barre encodant ce bit.

On comprend alors aisément qu'un défaut dans l'un des cinq électro-aimants puisse générer une erreur de traduction. La vérification de la continuité de ces derniers sur le connecteur de raccordement confirme mes craintes, l'électro-aimant pilotant la seconde barre est coupé. Il me faut alors dégager le système de traduction pour accéder à celui-ci.

Murphy aidant, la coupure n'est pas située sur la connexion la plus accessible, celle qui termine le bobinage, m'amenant à devoir délicatement dégager l'autre connexion. Celle-ci me reste dans les mains, le fil de cuivre étant rompu au niveau de la soudure. Une observation sous la loupe montre des traces de corrosion quelques millimètres après la soudure. Un problème déjà rencontré sur des bobinages en fils fins dont je pense qu'il est provoqué par l'utilisation d'un flux décapant sur le vernis du fil émaillé qui, non neutralisé, fini par corroder le cuivre.
Commence alors un travail de précision effectué sous la loupe visant extraire, à l'aide d'une aiguille très fine, une longueur suffisante du fil du bobinage sans rien abimer d'autre. Un travail facilité, avouons le, par l'espace réservé lors du bobinage pour le passage de fils de raccordement. L'électro-aimant ainsi réparé subit plusieurs séquences de mise sous tension successives avec succès.
Je connais désormais le défaut, et je sais qu'il est possible d'y remédier avec un peu de chance et beaucoup de patience. Ces machines pourront donc encore fonctionner de longues années...
La soirée de demain sera consacrée au démontage/remontage du traducteur puis au test de la machine.

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